Les outils de surcouche d’accessibilité : une fausse bonne idée

Outils de surcouche d’accessibilité, qu’est-ce que c’est ?

Comme rappelé tout au long de nos articles, l’accessibilité numérique est un enjeu important pour garantir un accès équitable à l’information en ligne pour tous. Dans ce contexte, les logiciels de surcouche, également connus sous le nom d’overlays en langue anglo-saxonne, sont des outils censés être prometteurs pour améliorer l’accessibilité des sites web.

Ces programmes promettent en effet de corriger les lacunes en matière d’accessibilité en ajoutant une couche de fonctionnalités supplémentaires au site web, ce qui permettrait ainsi aux utilisateurs en situation de handicap de naviguer plus facilement. La majorité de ces outils essaie d’accomplir cette prouesse en employant principalement JavaScript pour changer le code d’un site web.

Les outils de surcouche sont donc des applications qui s’ajoutent à un site, déjà développé et en ligne, afin de transformer son apparence en fonction des préférences définies par l’utilisateur. Elles se greffent comme de simples extensions ou modules complémentaires, comme les plugins, widgets ou barres d’outils et sont accompagnées d’un script inséré dans le code. Ces outils offrent ainsi des fonctionnalités permettant de personnaliser l’apparence des pages, telles que l’augmentation du contraste des couleurs ou l’agrandissement de la police de caractères. Ils visent ainsi à répondre à des ajustements d’affichage et peuvent s’avérer utiles pour certains types de handicaps liés à la vision, à la cognition ou à la motricité.

Des solutions qui offrent des facilités de lecture pour les individus dyslexiques, par exemple, en ajustant les espaces entre les mots et les lignes, voire en modifiant la police de caractères pour améliorer le confort de lecture ou en appliquant des filtres sur les couleurs afin de les modifier pour les personnes atteintes de daltonisme.

On pourrait donc croire que ces outils de surcouches n’offrent que des avantages, en couvrant par ailleurs certains critères du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA). Néanmoins, ces programmes ne corrigent finalement qu’une partie cruellement faible sur l’ensemble des critères d’accessibilité.

Les limites des outils de surcouche d’accessibilité numérique

Malgré ce qu’ils peuvent promettre, les outils de surcouche ne sont pas une solution infaillible pour garantir une accessibilité numérique totale. Plusieurs raisons justifient cette affirmation. Tout d’abord, ces programmes ne corrigent pas les problèmes à la source. Ils se superposent au site web existant, sans modifier directement son code sous-jacent. Par conséquent, ils peuvent ne pas résoudre tous les obstacles d’accessibilité, laissant subsister des barrières pour certains utilisateurs. De plus, les logiciels de surcouche peuvent créer une dépendance. Les sites web étant en constante évolution, ces outils doivent être continuellement mis à jour pour suivre les modifications apportées aux plateformes en ligne. En cas de retard dans la mise à jour des surcouches, des incompatibilités peuvent apparaître, compromettant ainsi l’expérience des utilisateurs en situation de handicap.

La raison principale demeure cependant la suivante : les outils de surcouches ne peuvent simplement pas considérer toutes les formes de handicaps. Seul un travail complet et humain dans le développement  et la contribution du service numérique permet d’apporter une solution à tous les problèmes que peuvent rencontrer les personnes handicapées.

Concrètement :

• Les outils de surcouches ne proposent pas d’alternatives textuelles aux images, alors qu’elles sont obligatoires lorsque ces dernières sont porteuses d’informations.
• Les éléments interactifs indisponibles au clavier resteront inaccessibles même après l’utilisation d’un outil de surcouche.
• Les champs de formulaires, la structure du titre de la page ou les intitulés des boutons de validation ne seront pas modifiés par les ajustements d’affichage, car ils relèvent du contenu lui-même.
• Pour les personnes atteintes de surdité ou malentendantes, ces programmes ne répondront pas non plus à leurs besoins étant donné qu’ils ne fournissent pas de sous-titrage pour les vidéos. Et même s’ils pouvaient offrir cette fonction, ce ne serait pas satisfaisant car il est encore aujourd’hui nécessaire de corriger manuellement des sous-titres générés automatiquement.

Autant d’exemples qui démontrent que les outils de surcouche sont loin de pouvoir répondre à toutes les problématiques soulevées par l’accessibilité numérique.

Outre le fait de ne pas pouvoir pallier à toutes les formes de handicap, les outils de surcouche peuvent de surcroît interférer avec les technologies d’assistance utilisées par les personnes handicapées. En effet, les programmes de surcouche possèdent leurs propres réglages préétablis et ne s’alignent pas forcément aux technologies d’assistance. Par conséquent, les paramètres de l’utilisateur peuvent ne pas être adaptés à son utilisation, ce qui peut obliger une personne en situation de handicap à arrêter sa navigation pour éviter de perturber ses réglages. Également, certains outils de surcouche offrent une fonctionnalité de lecteur d’écran, alors que les technologies d’assistance remplissent déjà cette fonction. L’outil de surcouche n’apporte donc aucun avantage supplémentaire et, en dupliquant une fonction déjà existante, parasite même l’utilisation des dispositifs d’assistance.

Aucun outil de surcouche ne permet de rendre un site accessible

C’est aujourd’hui officiel et sans appel, en ne couvrant qu’au maximum 30% des critères d’accessibilité des WCAG, les normes internationales transcrites en France dans le RGAA, les outils de surcouche ne peuvent prétendre corriger automatiquement au-delà de ce pourcentage.

La commission européenne a en effet statué, dans un communiqué publié en décembre 2023, que les outils de surcouche d’accessibilité ne permettent pas de rendre un site accessible. De même, il est déclaré que ces outils ne respectent pas la législation française en vigueur.

Plutôt que de se reposer sur ces outils de surcouche, il est impératif de penser l’accessibilité numérique dès la conception même des sites web et des applications. L’approche native de l’accessibilité consiste à intégrer des pratiques et des normes d’accessibilité dès les phases initiales de développement. Cela implique de concevoir et de coder les interfaces de manière à ce qu’elles soient accessibles à tous, indépendamment de l’utilisation de surcouches ou d’outils supplémentaires.

En adoptant une approche native de l’accessibilité, les sites web offrent une expérience utilisateur plus cohérente et fiable pour tous les utilisateurs, quel que soit leur mode d’accès. C’est précisément ce que nous préconisons chez Ethic First et ce que nous aimons à appeler « l’accessibility-by-design ».

En conclusion, bien que les logiciels de surcouche puissent apporter des améliorations temporaires et limitées à l’accessibilité numérique, ils ne sont pas une solution. Pour assurer une accessibilité véritable et durable, vous devez la prendre en compte dès la conception du service numérique puis tout au long de sa vie. Chez Ethic First, nous sommes là pour vous accompagner à toute étape de votre projet numérique afin que tous les critères du RGAA soient respectés.

Et si votre site web a déjà été conçu et publié, rien n’est perdu ! Contactez-nous afin que nous programmions un audit d’accessibilité et d’accompagnement dans la mise en conformité de vos sites existants.